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A quoi peuvent bien servir les réseaux professionnels féminins ?

A quoi peuvent bien servir les réseaux professionnels féminins ?

Je discutais récemment avec un charmant Monsieur dont je venais de faire la connaissance au sein d’un groupe d’amis commun et nous en sommes venus entre autre à parler de mon appartenance à un réseau professionnel féminin. Sans aucun discours machiste, se prononçant a priori sincèrement pour l’égalité des sexes, il ne comprenait  juste pas pourquoi les femmes peuvent souhaiter se « mettre à l’écart » au sein de tels réseaux, impliquant selon lui ainsi que les hommes seraient néfastes et « à fuir ». Son opinion tranchée m’a forcé à me poser la question de la pertinence de ces réseaux purement féminins et de ce qu’ils sont susceptibles de nous apporter de différent. La réponse me semblait intuitivement évidente, mais difficile à expliquer avec des arguments objectifs face à mon interlocuteur masculin. J’ai donc décidé d’y réfléchir un peu, et fait quelques recherches. Voici le fruit de cette réflexion… qui heureusement aboutit aux mêmes conclusions que mon intuition initiale. Pourquoi ? Mais parce que !!

Quasi inexistants au début des années 2000, les réseaux féminins sont aujourd’hui un vrai mouvement de fond. Il en existerait plus de 450 en France, réunissant des professionnelles de tout âge autour de leur école, leur entreprise, leur métier ou leur secteur d’activité. Pourquoi ce sont-ils développés si tardivement ? Ou pourquoi ont-ils pris autant d’ampleur ?

Les hommes ont toujours su se regrouper pour faire du business. Ils ont d’ailleurs longtemps prôné des clubs fermés aux femmes, pour se soutenir et se retrouver entre eux. Les femmes ont peu à peu intégré ces réseaux professionnels, conscientes des avantages que cela pouvait apporter à leur carrière (malgré la difficulté à se dégager du temps alors qu’elles doivent bien plus souvent que les hommes gérer de front vie familiale et vie professionnelles – et oui, même au 21ème siècle, c’est bien la réalité). La création et l’adhésion à des réseaux purement féminins est encore une étape de plus que souvent nous avons du mal à franchir, car la recherche « d’entre soi » qui semble si naturelle pour les hommes n’est pas si évidente pour les femmes. Inconsciemment, nous avons souvent une image « féministe » de ces réseaux féminins et pouvons avoir peur en les rejoignant d’être cataloguées « militante brandissant son soutien gorge et détestant les hommes ». J’avoue que je n’avais pas moi même identifié ce frein qui était pourtant bien ancré dans mon inconscient avant de concrètement rejoindre un réseau. J’avais aussi un peu peur de perdre mon temps à me retrouver à parler chiffons et people… un beau cliché que je nous auto-attribuais !

Ayant surmonté ces freins, j’ai donc adhéré il y a quelques mois à un réseau lillois regroupant une vingtaine de femmes cadre dirigeantes ou chef d’entreprise*. Avec un peu de recul, quels avantages puis-je lui attribuer qu’un réseau mixte ne m’apporte pas (puisque je suis également membre et active dans des réseaux mixtes* très bien par ailleurs) ? Qu’est ce qui est différent dans un réseau purement féminin ? A bien y réfléchir, je vois aujourd’hui trois points de distinction à retenir :

–     La liberté de parole  : lors de nos réunions, et dans les échanges en dehors, la parole tourne beaucoup, et je fais l’expérience d’une écoute bienveillante. Il est plus facile de parler de ses difficultés ou de ses échecs entre femmes, sans avoir peur d’être jugées – là où des réseaux mixtes permettent selon moi beaucoup plus de parler de ses réussites. Or, c’est en parlant de ses limites et en prenant les avis des autres que l’on avance.

–       Le partage des expériences communes : les femmes dans le monde du travail se trouvent souvent confrontées à des problématiques et questions spécifiques au sexe dit « faible » : plafond de verre, être une femme manager, l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, négocier une augmentation, le marketing de soi souvent plus compliqué… Au sein de ces réseaux, ces sujets centraux dans la carrière d’une femme sont abordés de manière formelle (à travers des intervenants) ou informelle à travers des discussions en off. Les réseaux mixtes sont moins prônes à aborder ces questions qui ne concernent qu’une partie de leurs membres, ou alors de manière moins décomplexées.

–       Le mentoring ou marrainage : l’intergénérationnel est très présent au sein des réseaux féminins, les femmes d’expériences ont envie de donner aux plus jeunes certaines clés pour leur permettre d’avancer plus vite qu’elles ne l’ont fait. En faisant partie d’un réseau, on apprend plus vite les « règles du jeu » pour zigzaguer au sein de ce monde d’homme. Les « anciennes » partagent volontiers avec les plus jeunes en espérant que ça facilitera leur parcours. En tant que « jeune » de 35 ans (et quelques), j’apprécie beaucoup échanger avec des femmes aux carrières plus avancées, qui m’inspirent, m’ouvrent des portes… et sont tout simplement la preuve vivante que « c’est possible »

A mon sens, si ces réseaux de femmes se développent autant, c’est qu’ils trouvent un écho réel dans la préoccupation quotidienne des femmes qui travaillent. Loin de vouloir s’y isoler pour critiquer les hommes, les femmes qui y adhèrent ont compris qu’il s’agissait d’un outil formidable pour les aider à progresser dans leur carrière au sein d’un univers professionnel mixte.

Et preuve en est que cette appartenance à un réseau féminin ne m’empêche pas d’écouter les hommes avec discernement, puisque je me dois de remercier ce charmant Monsieur cité en début d’article. Ce sont en effet ses doutes sur la pertinence de ces réseaux qui m’ont poussé à me poser des questions de fond sur les raisons de mon engagement, aboutissant à cet article. Et s’il devait lui également pousser sa réflexion jusqu’au bout, peut-être découvrirait-il que son agacement vient tout simplement du fait qu’il est jaloux de ne pas y être invité ??? Enfin là, pour être tout à fait honnête, je pense que c’est mon ironie un peu trop développée qui parle (faut-il d’ailleurs s’étonner que le mot « ironie » soit de genre féminin ?)

Et vous Mesdames ? Messieurs ? Qu’en pensez-vous ? Je serais ravie d’entendre vos avis.

* Je suis fière membre active de 3 réseaux professionnels associatifs des Hauts de France, qui tous 3 me permettent de construire mon évolution professionnelles au grès de belles rencontres et échanges constructifs :

Féminin Pluriel Nord : réseau féminin regroupant une vingtaine de femmes chef d’entreprise ou cadres dirigeantes (femininplurielnord.com)

Place de la Communication : réseau professionnel (mixte) regroupant 250 professionnels de la communication en Nord de France. (www.place-communication.fr).

Le Club d’affaires de Lille Place Tertiaire : réseau professionnel (mixte) regroupant une centaine de société prestataire de service à forte valeur ajoutée de l’agglomération lilloise (www.lilleplacetertiaire.com/club_d_affaires/)

Crédit photo : 123RF/ Sergey Nivens 123RF/ Maksim Harshchankou